Una piedra para mi amigo Kess
« improvisation sur pierre de moraine ambre et if »
En Suisse je vais à la « PÊCHE AUX PIERRES » dans les champs…
Mais pour comprendre cette sculpture je dois vous raconter une histoire, donc prenez votre temps et…
Extrait de « Voyager entre deux trous de mémoire« , imaginez-vous les pieds dans l’eau du …« Río Cuilco » à la frontière entre le Guatemala et le Mexique.
Ce matin nous étions partis tôt depuis l’atelier de Kees, pour aller à la « pêche aux pierres ». Les habitants du coin, que nous avions engagés pour nous aider à transporter vers le pickup les pierres que nous choisissions patiemment dans le lit de cette rivière, avaient dû nous prendre pour des fous: – ¿Porqué cargar esas piedras cientos de metros cuando hay miles justo al lado de la carretera? (Pourquoi transporter ces pierres sur des centaines de mètres alors qu’il y en a des milliers juste à côté de la route ?)
En fin d’après-midi nous nous décidions à remonter dans la vielle Dodge , le chemin de retour vers San Cristóbal de las Casas était encore long. La route sinueuse qui nous éloigne de la frontière du Guatemala longe encore la rivière sur quelques kilomètres. Un dernier regard sur les berges; « Regardes là!… un dernier caillou?… Un autre regard dans le rétroviseur a répondu pour nous: la gondole était plus que pleine de ces galets de granit et de grès, gris, rose ou vert , usés, polis, arrondis par la rage des eaux de la Sierra Madre. La taille des plus gros était du maximum de ce qu’avaient pu supporter les épaules de nos, braves mais ronchons, aides du jour. Donc plus d’arrêt avant le « Valle de Jovel »! Eh non! Après avoir passé le premier virage nous sommes forcés de nous arrêter à un barrage de l’armée.
«¡Bajan de la caminoneta! » Nous obtempérons pour laisser les soldats fouiller le véhicule. Après un regard à l’arrière leur chef nous demande « ¿ Que transportan aquí? » Après lui avoir expliqué que nous venions juste de prendre ces pierres dans la rivière et que nous les transportions vers notre atelier de sculpture, il nous ordonne calmement « ¡Ábrenos esas piedras! Para que podamos ver lo que hay a dentro! » (Ouvrez-nous ces pierres ! Pour que nous puissions voir ce qu’il y a à l’intérieur !)
Je jette un regard vers Kees qui avait l’air aussi perplexe que moi. Ce gradé de l’armée mexicaine venait de nous demander d’ouvrir des boulets de granit massif pour pouvoir «voir ce qu’il y avait à l’intérieur! » Comment sortir de là et expliquer à ce militaire, qui manifestement ne cherchait pas la même chose que nous, que nous avions belle et bien choisi ces pierres pour ce qu’elles « avaient à l’intérieur » mais que nous ne pourrions pas lui les ouvrir!?!
Depuis ce jour, durant mes promenades, je regarde toujours dans les pierres avant d’en choisir une.
Avec cette improvisation, qui fera partie de l’installation « Les 10 petites boîtes » je veux vous montrer ce que je vois, entre calme des champs et tumulte de…




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