Vivre la valise à la main
De retour d’une visite à notre famille du Mexique, j’ai pris dans ma valise une pièce d’ambre de Simojovel (800g.) qui faisait partie d’une de mes sculptures, aujourd’hui « recyclée », avec la vague idée de l’intégrer dans une composition sur notre double identité culturelle
Première étape, choisir les « acteurs » dans mon « catalogue iconographique personnel » :
Le bois (poirier), l’ambre et un bloc de molasse de la cathédrale de Lausanne.
Rassurez-vous je n’ai pas volé une pierre du patrimoine historique vaudois. C’est un petit bloc qui nous a été offert lors d’un colloque pluridisciplinaire « Déontologie de la pierre : stratégies d’intervention pour la cathédrale de Lausanne » auquel j’ai assisté en juin 2012.
Le pire que j’ai gardé en mémoire sont les techniques d’injection de résine synthétique au cœur de la molasse.
Et le meilleur une présentation de Régis Bertholon sur le sanctuaire shintoïste d’Isé au Japon – L’enclos sacré (Ise Jungu) est divisé en deux secteurs égaux. Tous les vingt ans un temple est construit à l’identique sur l’autre secteur avant la destruction de l’ancien sanctuaire selon un rite de purification appelé Sengù. ( 62 reconstructions depuis le VIIe siècle, la dernière en 2013). Cette tradition, ce rite, met en valeur la conservation du savoir-faire artisanale avant les matériaux. Pour ma part je pense qu’une pierre qui a perdu les « traces » de l’outil de l’artisan n’a plus de valeur de patrimoine architectural tout en gardant sa valeur de patrimoine géologique.
Ce bloc de 5 cm. de côté est de mollasse « de la cathédrale de Lausanne » parce qu’il a été façonné par les artisans qui la restaure. Dans la composition il symbolise la Suisse tant par ça géologie que son histoire.
Ce cube a été extrait de l’élément de base en ambre de Simojovel (Chiapas) – Résine fossile âge estimée 20 à 35 millions d’années.
Dans la composition il symbolise la mémoire de cette région du Mexique
Le poirier est un bois dur à grain fin et stable. Il a beaucoup été utilisé à la gravure sur bois.
Il symbolise à la fois la fragilité et la stabilité. La « trace » de l’outil – ici le carré – est la recherche de cette stabilité, le point d’équilibre.
A mon arrivée en Suisse en 2010, j’ai cherché conseil, auprès de l’ORP (Offices régionaux de placement), concernant mes possibilités de réinsertion professionnelle dans le domaine du bâtiment. Après avoir écouté l’exposé de mes réalisations (villas, école, restaurants, hôtels) dès 15 dernières années passées au Mexique, mon « conseillé personnel » attitré m’a rétorqué que, à 45 ans et au vu de mon parcours, ce serai un « miracle » si je retrouvai du travail dans ma branche ; Puis il m’a fortement conseillé de m’inscrire au RI (Revenu d’insertion). Ce que j’ai promptement refusé. En sortant de l’ORP j’ai décidé de tout faire pour ne plus avoir à y remettre les pieds. La seule information qui est restée gravée dans ma mémoire est que 80 % des places de travail à repourvoir ne sont pas publiées par le moyen d’une annonce. Donc j’ai utilisé mon « réseau » pour trouver une place de stage dans le but de perfectionner/adapté mes connaissances en DAO et 2 mois plus tard j’avais trouvé une place de travail. Paradoxalement il m’a été, symboliquement parlant, plus difficiles de « taillé et approfondir » le carré ou est « stabilisé » le cube de mollasse. (La réadaptation à la Suisse a été plus ardue que l’adaptation au Mexique)
En conclusion chaque déplacement est une remise en question personnel, un rééquilibrage… mais, plus que tout, un enrichissement.
« El Puente » F. Burkha septembre 2017.
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